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Pagaïe, sors de la cuisine!
Pagaïe, sors de la cuisine!
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21 février 2009

Cuisine Cup 2009 la finale : « Il a gagné ! »

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Le titre ne laisse plus beaucoup de suspense au reste des écrits, mais bon, la plupart de mes fidèles lecteurs sont déjà au courant, à quoi bon…

Mon dernier billet vous avait laissé sur la recette du « saumon aux anis » qui avait permis ma sélection à la session bordelaise et mon accession en ¼ de finale. La recette d’agneau (qui viendra un jour sans doute mais que je n’ai pas refaite encore, donc pas de photos) m’avait autorisé l’accès à la demi-finale, si vous vous en souvenez.

Quelques jours avant les épreuves de demi-finale et finale prévues à Paris le 8 février, nous sommes partis en voyage en Norvège en compagnie des sélectionnés des autres villes candidates : Jeanne pour Lyon, Fabienne pour Bruxelles, Mélanie pour Nantes, Carla pour Paris, Jacques pour Lille, Luke pour Londres et Ilyas le candidat repêché pour Londres et Paris. Bien sûr votre serviteur représentait la belle ville de Bordeaux, vous l’aviez compris. Je ne vous détaillerai pas notre séjour Norvégien car Fabienne l’a fait de manière fort complète et fort bien illustrée sur son blog « Alice au pays des saveurs ». Juste dire que ce séjour court et intense a été formidable avec d’excellents souvenirs à la clé…

Mais venons-en au jour J de l’épreuve, heure H, instant T…

Fanny, notre ange gardien de l’Atelier des chefs de Paris, avait réservé un hôtel on ne peut plus près du lieu de l’épreuve : pile en face ! La circulation de la rue de Penthièvre étant peu fournie et le ministère de l’intérieur juste à côté veillant sur nous, il était peu probable qu’il nous arrive quelque chose entre notre chambre et la cuisine… mais sait-on jamais… un concours reste un concours… La pression monte, vous le sentez non ? 

La veille au soir nous en avions terminé avec le côté convivial de la rencontre en passant la soirée chez Trish Deseine, écrivain et président du jury, qui nous avait invités à sa table. Sympathique soirée autour d’un bœuf bourguignon et de desserts chocolat et caramel : of course ! Mais je rigole, bien sûr, la convivialité est restée de mise pendant toute la durée de l’épreuve.

8h30 au 10 de la rue de Penthièvre. Nous sommes tous là, arrivés en convoi, café et viennoiseries de rigueur, puis la traditionnelle distribution des tabliers et des badges. Tirage au sort des ordres de passage : je suis 2eme. Ce matin c’est la demi-finale, nous sommes tous en course et avons 1 heure pour réaliser notre recette mettant en valeur la Saint-Jacques de Norvège accompagnée d’une garniture et d’une sauce. Ces trois éléments seront notés par le Jury. Et ce jury alors… beaucoup plus étoffé que lors des précédentes épreuves : Trish Deseine la présidente, Vincent Ferniot l’animateur TV, Alban Rousseau conseiller culinaire chez Arc international, Odd Ivar Solvold chef Norvégien, Nicolas Bergerault président de l’atelier des chefs, Requia Badr blogueuse, Carol Revol journaliste à Femme Actuelle, et Eva gagnante de la première Cuisine Cup. Mercotte, guest star, assistait également aux délibérations et a goûté tous les plats : la veinarde !

Jury2

Alors c’est parti, même cérémonial que pour les huitième et quart de finale. On vérifie sa liste de produits et son matériel pendant 10 minutes puis on embraye pour 1 heure. J’avais suivi quelques conseils et notamment ceux de mon amie Véro (au fait l’artiste Zù qu’elle incarne participe aussi à un concours de chanson, allez voir là et votez pour elle, ça lui donnera un coup de pouce pour participer aux sélections régionales) disant qu’il fallait rester soi-même et faire SA cuisine ! Donc après quelques essais infructueux de faux corail à la patate douce, j’avais invité mes amis Fred et Alex à la maison pour goûter une  dernière fois les Saint-Jacques à la purée de topinambour et vanille que j’avais « l’habitude » de faire. Les derniers avis, derniers réglages et c’était parti pour CETTE recette : "Noix de Saint-Jacques snackées au Mycryo, purée de topinambour à la vanille, écume de lait à l'orange et au piment Mapuche, poudre d'orange".

Alors épluchage des topinambours, cuisson à l’anglaise, purée, zeste d’oranges, confisage léger, lait, lécithine,  mousse, Mycryo, cuisson, dressage, envoi… pas de surprise.  Je présente mon assiette devant le jury. « Quelle vanille avez-vous utilisé ?» me demande Vincent Ferniot. « Je ne sais pas, Madagascar sans doute vu la gousse… » - « Je voulais savoir si c’était de la gousse ? » - « Oui… » - « C’est bien ! » Je crois que c’était la réponse qu’il attendait… ouf !

JM_cuisine3

Retour derrière la vitre, je récupère mes couteaux et les range, ce sera fait. J’avais fait pareil pour les premières sélections à Bordeaux… j’ai remis aussi la même chemise… (après l’avoir lavée) je ne suis pas supersticieux, ça porte malheur ! Les autres candidats passent, chacun leur tour, on arrive aussi à reconstituer quelques assiettes. On sent, on goutte, on échange nos impressions. Les caméras de TF1, M6, Arte, Vivolta, un photographe,… entourent Carla pendant le dressage de ses plats… un peu too much quand même, Luke continue tranquille dans son coin… Nous aussi… On attend les résultats…

Puis vient le moment de la fameuse épreuve technique surprise qu’on nous avait annoncée. On avait bien eu quelques pistes en Norvège en nous faisant ouvrir des coquilles St jacques à plusieurs reprises, montré diverses techniques… Présentation à nouveau devant le jury : un panier de Saint-Jacques, 3 ou 4 couteaux au choix… Je fais comme Philippe nous a montré : je prends le plus costaud, un désosseur, enfile la lame entre les valves, les coince avec mon pouce, sectionne le muscle, décolle la noix à la cuillère et l’extrait. Applaudissements conquis du jury ! Ce n’était finalement pas bien difficile. Ouf ! Tout le monde passe à son tour, c’est vite fait. L’épreuve compte pour 10 points sur 80.

St_J_dressage1

Puis arrive le moment attendu, la tension redevient palpable. Les candidats sont réunis dans la cuisine en compagnie du jury. Famille et amis à l’autre bout. Fabrice me lorgne discrètement, l’air inquiet, Anne (qui a fait le déplacement exprès) est là aussi, Mercotte sourit et me fait un clin d’œil… Jean Sébastien Bompoil prend la parole et annonce les résultats : « Quatrième : Luke, troisième : Jean-Marc, deuxième : Ilyas, première : Carla ». Ouf, c’est passé, juste mais c’est passé, je suis en finale ! J’obtiens la note de 14,3/20.

Jean-sébastien nous isole de la foule en délire, on tire de nouveau au sort les ordres de passage, je suis premier. Puis on nous remet, en décalé selon nos ordres, un dossier contenant la liste du panier garni mis à notre disposition et le thème de la finale. Je vous le réécris ad integrum «  Réaliser un plat pour 4 personnes présenté à l’assiette mettant en valeur le magret de canard, puis un dessert pour 4 personnes mettant en valeur le pamplemousse de Floride. La recette autour du canard doit être accompagnée d’au moins une garniture et d’une sauce à base de gastrique. Vous avez l’obligation d’utiliser au moins un sirop de la marque Fruiss mis à votre disposition dans le panier » Impossible bien entendu de recopier le panier en entier… Outre le magret, thème imposé, la sauce gastrique (sauce à base de sucre cuit déglacé au vinaigre et allongée généralement d’un jus de fruit) était aussi obligatoire et nous avait été soufflée pendant notre séjour en Norvège par Philippe Kratz le chef qui nous accompagnait. Je peux vous dire que le mot « gastrique » avait alimenté les conversations… Alors quoi d’autre dans ce panier : des pommes de terre, topinambours, racines de cerfeuil, polenta, riz… De l’épicerie habituelle (farine, chocolat, poudre d’amandes…) des oeufs, du lait, du vin rouge et blanc… des herbes fraîches et aromates… citrons, oranges et bien entendu les pomelo !

JM_prepa

Après avoir grignoté deux bricoles au buffet, je m’isole dans un bureau avec les deux bouquins que j’avais amenés : « La cuisine professionnelle » et « Le Larousse des desserts ». Sullivan, un des chefs vient me voir : « C’est moi qui vais t’aider en cuisine cet après-midi, n’hésite pas si tu as besoin de quelque chose ? » - « Oui ça tombe bien, je n’ai pas de recette de financier et je voudrais en faire un pour le dessert… ». Il m’en donne une de tête, par cœur, en direct : la classe !

Je planche dur, une heure ça passe vite, très vite même. Heureusement, même sans connaître le contenu du panier j’avais ébauché quelques pistes. Avec une gastrique, sauce imposée, il ne pouvait pas y avoir quantité de possibilités pour la viande : porc, gibier ou canard. Je me doutais de la présence du pomelo dans le panier, un des sponsors officiels de l’épreuve… Mais il fallait encore trouver les garnitures, écrire les recettes en fonction des quantités disponibles, peu d’œufs dans ce panier, juste, très juste…  Enfin dessiner le dressage des assiettes, 1 heure ne m’a jamais paru si courte.

Je décide de partir à contre-courant des conseils donnés par Jean-Sébastien : « Faites ce que vous savez faire ». Je n’ai jamais goûté le cerfeuil tubéreux, ou si peut être, au milieu d’autres légumes oubliés au restaurant « Les clés d’argent » de Mont-de-Marsan, mais c’est loin…  Sullivan me dit « C’est assez doux, j’aime bien y ajouter du vinaigre balsamique ». Et la texture en purée ? « Plutôt souple ». C’est parti, ça devrait aller fort bien avec une gastrique au citron et au gingembre, on ne va pas tomber dans le canard à l’orange quand même ! Et le magret, comment le cuire ? J’ose un coup de bluff : le dégraisser et le pocher à basse température (65°C) dans un bouillon aromatique avant de le napper de gastrique ! Génial, je tiens mon idée, mais c’est risqué, beaucoup d’inconnues, je n’ai jamais fait du magret comme ça… J’arrête finalement ma décision et dessine mon dressage…

NotesJM

Pour le dessert, des financiers en tranches trempées dans un mélange œuf et lait puis repassées à la poêle façon pain perdu, des pomelos découpés à vif en segments, une crème légère à la lavande comme j’aime la faire (crème pâtissière coupée de crème fouettée). Damned, plus de sirop de lavande me prévient Fanny… Argh… je file en cuisine me saisis d’un pomelo je gratte sa peau et le renifle avec plusieurs autres sirops : j’opte finalement pour la violette dont l’accord me semble intéressant. Le dessin est finalisé et c’est le moment d’y aller, pas de temps à perdre, le compte à rebours démarre!

On dispose de 2 heures, il faut envoyer le plat en premier en 1h20 et le dessert au terme des deux heures.

Je prépare mon bouillon puis j’épluche les racines de cerfeuil : c’est tout petit et j’y passe un temps fou. Je propose à Remy le cadreur de Vivolta de m’aider… un peu d’humour détend l’atmosphère… Le magret est dégraissé, mis à cuire avec son thermomètre sur la plaque induction (c’est génial ça !) : 65°C ! Puis le caramel déglacé au vinaigre de cidre, le jus de canard, le citron et le gingembre, la gastrique réduit tranquille… j’attaque la crème pâtissière à la violette, je l’oublie sur le feu, elle fait des grumeaux : il faut la chinoiser ! Aller hop au frigo ! Puis je fais la purée de cerfeuil tubéreux, pas mal ce petit goût sucré. 

JM_cuisine6

Le temps passe, 5 minutes, l’heure du dressage. Le magret est sorti de son bain, resalé et poivré, nappé de sauce gastrique citron-gigembre. La purée est dressée dans un cercle au centre des assiettes, le magret « laqué » paré et posé dessus, quelques zestes de citron, un trait de gastrique sur l’assiette. Ilyas à côté de moi s’esclaffe « Whoua ! ».

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Je présente de nouveau mon plat au jury visiblement un peu surpris… (très même). Vincent Ferniot, toujours curieux, me demande comment j’ai fait pour garder la température de cuisson à 65°C : « L’induction et un peu de surveillance »…  J’apprends un peu plus tard, à la fin de l’épreuve, que Trish Deseine avait annoncé avant de commencer qu’elle ne concevait un magret qu’avec du gras et bien grillé! Oulala…

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Puis il faut embrayer au plus vite sur le dessert, l’horloge ne n’est pas arrêtée de tourner. Sullivan me propose de faire mes pesées pour le financier. Le beurre est mis à chauffer noisette, je prépare l’appareil, rajoute la poudre d’amande… Argh… c’était le reste qui traînait sur la table: Sullivan avait déjà tout préparé dans une bassine! On rattrape la consistance de l’appareil avec 1 blanc d’œuf de plus, il me dit « tu viens peut-être de réinventer une nouvelle recette de financier… ». Rire… jaune ! Mise à cuire, je lève les segments de pomelo, la crème est fouettée, le mélange avec la crème pâtissière est fait, mis dans la poche à douille. Quarante minutes ça passe encore plus vite. Reste à trancher les financiers, en faire des « pains perdus » puis dresser. Une sorte de sandwich ouvert (mode scandinave, je n’oublie pas le chef norvégien), les segments, la crème, de nouveau un financier basculé sur le côté, une pique… Un trait de sirop de violette et c’est parti.

Ultime présentation devant le jury… Vincent Ferniot, toujours lui, me fait remarquer que le sirop de violette a viré au gris au contact de la crème, mais que je n’y suis pour rien… c’est vrai, mais ce n’est plus très joli du coup…

Dessert_pomelo

Retour en cuisine, les chefs et moi goûtons ce qui reste. Ils aiment… je ne suis pas hyper satisfait, pour moi le financier manque de cuisson, trop compact, sans doute l’excès de poudre d’amande, mais bon…

C’est le tour des 3 autres candidats que je regarde travailler. Le niveau est monté d’un cran, les réalisations sont globalement moins assurées, on sent l’hésitation des préparations improvisées.

Puis la délibération finale. Un vent de morosité passe sur les visages des journalistes… sans connaître les résultats je pense que Carla n’est pas première… Nous sommes de nouveau alignés en cuisine, selon un ordre bien précis… je n’ai toujours pas compris pourquoi ? Trish Deseine et Vincent Ferniot prennent la parole pour commenter les réalisations. Le jury semble assez « déçu » du manque d’imagination dans les cuissons du magret et de la plupart des garnitures à base de pomme de terre : je marque des points. Puis j’en perds aussitôt en suivant : ils auraient aimé plus de travail sur le pomelo, seul Luke en a fait une compote assortie d’un crumble. Glups… Jean-Sébastien prend finalement la parole pour l’annonce des résultats.

Quatrième : Carla, troisième : Luke… Je me penche vers Ilyas pendant quelques secondes de répit et lui dit « c’est toi ! » persuadé que mon dessert m’a desservi… (elle est bonne). Puis… premier, il ne sert à rien de garder le suspense, dit Jean-Sébastien comme il l’avait fait à Bordeaux : Jean-Marc ! J’obtiens la note de 13,4/20. Je n’en reviens pas… je n’y crois d’ailleurs toujours pas. Je reçois un trophée en verre qui pèse plus de 3 kg… ouf… un jéroboam de champagne et un robot Krups KA950 avec toute la panoplie des accessoires : quelque chose d’énorme ! Impossible bien entendu de ramener ça dans le train, Fanny me l’a fait envoyer par transporteur. Fabrice a réussi à glisser la bouteille dans son sac à dos, bon ça fait un peu poivrot le goulot qui dépasse (poivrot de luxe quand même).

JMfin

Eva, la gagnante de l’an dernier me rappelle que je devrais être au jury de la finale l’an prochain… En attendant, de bien beaux souvenirs d’une très belle aventure culinaire. Une grande richesse en rencontres, bouillonnement créatif et bon stress positif comme dit le chef Philippe Lagraula. Merci à l’équipe de l’atelier des chefs d’avoir eu l’idée (l’excellente idée) de ce concours !

Et bon appétit ! (Bien sûr…)

Merci à John Lelong pour l'Atelier des Chefs, Anne Lataillade pour Papilles et Pupilles et Jeanne Doctobre (1ere image de l'article) de m'avoir autorisé à utiliser leurs photos ci dessus reproduites

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Commentaires
I
Effectivement, passionnant récit, c'est comme si on y était (et d'ailleurs on y était). J'avais oublié mon petit "Waou" quand j'ai vu la couleur de ton canard, et à vrai dire je pensais que tu ne l'avais même pas entendu (tu avais l'air TRES concentré).
A
Je viens de me rendre compte que j'étais en apnée !<br /> Bon sang c'est de la pression tout de même...<br /> Le magret cuit a basse température avec la sauce gastrique et un délice c'est fondant les petit jésus en culotte de velours qui vous descend dans le gosier !!! j'en salive encore.<br /> <br /> FDJ aprécie que t'ai pas écris FDJ<br /> <br /> Bises et encore bravo !!!
E
J'ai trouvé ton récit passionnant et plein de suspens... un grand bravo à toi !
E
Wahou ! je viens de dévorer votre billet ! quel bonheur de nous faire partager tout ça ! les anecdotes et l'humour avec ! et bien entendu : FÉLICITATIONS et bravo chef ;-)
P
C super intéressant de voir la journée à travers tes yeux ;)
Pagaïe, sors de la cuisine!
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